Mutisme sélectif : comprendre les causes du silence
Lorsqu’un enfant est bavard à la maison mais se mure dans le silence quand il est à l’école, ça peut être le signe d’un mutisme sélectif. Ce trouble de la communication, qui touche principalement les enfants et les adolescents, peut plonger leur entourage dans l’incompréhension. Pour quelles raisons un enfant devient-il mutique ? Est-il possible d’en guérir ? Nous répondons à vos questions.
C’est quoi le mutisme sélectif ?
Définir le mutisme sélectif de l’enfant et de l’adolescent
Le mutisme sélectif est un trouble de la communication qui concerne principalement les enfants et les adolescents. Il désigne un refus ou une incapacité à parler dans un contexte social précis. Généralement, il se manifeste hors de la sphère familiale (à l’entrée à la garderie ou à la maternelle par exemple). Cela peut d’ailleurs être une source de conflit ou d’incompréhension entre l’enfant et ses parents et/ou son entourage, qui ne comprennent pas les motivations derrière son silence.
Contrairement à la timidité ou la gêne que l’on peut naturellement ressentir quand on est confronté à un nouveau milieu ou à de nouvelles personnes, le mutisme sélectif ne s’atténue pas de lui-même avec le temps. De plus, il n’est pas lié à une incapacité à s’exprimer, car l’enfant n’a pas de difficultés à le faire dans des contextes plus familiers. Il fait le plus souvent son apparition entre 2 ans et demi et 6 ans mais n’est généralement remarqué qu’à l’entrée à l’école.
Qu’en est-il du mutisme sélectif chez l’adulte ?
Le mutisme sélectif est peu étudié chez l’adulte car il a tendance à passer inaperçu. Probablement parce que les personnes qui en souffrent s’arrangent pour éviter les situations sociales susceptibles de les mettre mal à l’aise. Ses symptômes sont similaires à ceux de l’enfant et de l’adolescent et se retrouvent le plus souvent chez les personnes anxieuses.
À noter : le mutisme sélectif de l’adulte est en général présent depuis l’enfance et ne doit pas être confondu avec un mutisme lié à un stress post-traumatique (qui fait suite à un événement vécu comme traumatisant tel qu’un décès ou un accident).
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Quelles sont les conséquences du mutisme sélectif ?
Lorsqu’il n’est pas pris en charge, le mutisme sélectif est source de nombreuses difficultés qui peuvent suivre l’enfant jusqu’à l’âge adulte.
Non soigné, il peut causer :
- Des troubles de l’apprentissage : particulièrement si le mutisme sélectif se manifeste à l’école. Un enfant peut ainsi rester silencieux même s’il ne comprend pas le cours et ainsi accumuler du retard scolaire.
- L’isolement social : le fait d’avoir des difficultés à communiquer peut rendre l’intégration sociale plus difficile. Qu’il s’agisse de se faire des amis à l’école, de passer un entretien d’embauche ou même de demander un renseignement à un inconnu.
- Une faible estime de soi : ne pas être en mesure de s’intégrer ou de faire “comme les autres” peut mener une personne à douter d’elle-même et de ses capacités.
- Une aggravation de l’anxiété : celle-ci pouvant évoluer en véritable phobie sociale.
Pour ces raisons, il est important pour l’entourage d’un enfant ou d’un adolescent qui présente des signes de mutisme sélectif de ne pas laisser ce trouble s’aggraver. Par exemple, si un enfant qui entre à la maternelle semble refuser de communiquer (avec son enseignant et avec ses camarades) et ne s’intègre pas au reste de la classe, il convient de le signaler dès que possible à ses parents.
Bien que ce comportement puisse parfois sembler volontaire et peut être perçu comme une forme d’opposition ou de manipulation vis-à-vis des autres, ce n’est pas le cas. Blâmer un enfant qui refuse de parler ou insister pour qu’il le fasse le fera se sentir coupable et renforcera son malaise. Mieux vaut en parler à un médecin (généraliste, pédiatre ou pédopsychiatre) ou à un orthophoniste afin d’identifier les raisons de son mutisme et de mettre en place le suivi et le traitement adapté.
Quelles sont les causes du mutisme sélectif ?
Comprendre les raisons du mutisme sélectif
Plusieurs facteurs peuvent jouer un rôle dans l’apparition du mutisme sélectif mais on distingue principalement des facteurs génétiques et environnementaux. Il est plus courant pour un enfant de développer ce trouble s’il y a des antécédents de de mutisme sélectif, de timidité, d’anxiété ou de phobie sociale dans sa famille.
Quand on ajoute à cela un contexte social nouveau et donc intimidant, on comprend mieux que l’anxiété ressentie par l’enfant impacte sa capacité à communiquer, l’incitant à rester silencieux. Ce mutisme devient à la fois une manière de se protéger des autres et la raison pour laquelle les interactions sociales sont difficiles. C’est le serpent qui se mord la queue.
L’autisme et le mutisme sélectif
Il arrive que le mutisme sélectif soit associé au trouble du spectre de l’autisme (TSA), notamment au syndrome d’Asperger. Cependant, même si certains comportements peuvent être proches (ne pas répondre aux sollicitations verbales ou éviter le regard) il s’agit de 2 troubles différents. Le TSA désigne un ensemble de troubles neurobiologiques qui impactent de manière importante la vie sociale. Le mutisme sélectif est quant à lui un trouble de la communication, qui ne se manifeste que dans certains contextes.
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Comment soigner le mutisme sélectif ?
Les bons comportements à adopter avec un mutique sélectif
Rien ne sert de forcer un enfant mutique à parler s’il ne souhaite ou n’y arrive pas. On peut néanmoins l’y encourager en mettant en place un cadre propice à la communication :
- Passer du temps avec lui et faire des activités qu’il aime afin qu’il se sente à l’aise.
- Respecter son silence et ne pas lui mettre la pression pour qu’il parle, que ce soit de manière directe ou inconsciemment (en projetant du stress ou de l’anxiété sur lui).
- Valoriser ses ressentis et leurs expressions afin de renforcer sa confiance en lui.
- Impliquer son entourage dans le processus (enseignants, intervenants scolaires, camarades de jeux…)
Sortir du mutisme sélectif grâce à l’orthophonie et la thérapie
Le traitement du mutisme sélectif chez l’enfant et l’adolescent implique souvent 2 professionnels de santé, l’orthophoniste et le psychologue :
- L’orthophoniste, via différentes approches (jeux, activités…), accompagne l’enfant vers un retour progressif à la parole.
- Le psychologue lui permet quant à lui d’explorer les causes de son anxiété à travers diverses approches thérapeutiques, comme la thérapie par le jeu, l’art-thérapie ou des séances avec la famille par exemple.
Chez l’adulte concerné par le mutisme sélectif, c’est plutôt la thérapie cognitivo-comportementale ou TCC (basée sur l’idée qu’on peut modifier ses comportements en modifiant sa façon de penser) et la thérapie systémique (axée sur la recherche de solutions pratiques aux problèmes) qui sont utilisées.
Avec l’accompagnement de ces professionnels de santé et le soutien de son entourage, le mutique sélectif peut ainsi sortir petit à petit de son isolement et communiquer dans les contextes où il restait autrefois silencieux.