Troubles obsessionnels compulsifs : les comprendre et les traiter
Présents chez 2 à 3% de la population, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont relativement courants. Ils se caractérisent par des pensées intrusives et des rituels envahissants qui constituent un véritable handicap pour ceux qui en souffrent. Quelles sont les causes des troubles obsessionnels compulsifs ? Existe-t-il des traitements qui permettent de les soigner ? Nous répondons à vos interrogations.
Qu’est-ce qu’un trouble obsessionnel compulsif (TOC) ?
Selon le DSM-5 (le manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux de l’association américaine de psychiatrie), les troubles obsessionnels compulsifs, sont une maladie psychique chronique qui se définit par :
- Des pensées obsessionnelles ;
- Des comportements compulsifs.
Ces 2 symptômes peuvent varier en intensité selon les périodes et ne sont pas toujours présents au même moment.
Les obsessions
On a tous des pensées que l’on rumine occasionnellement, sans que cela ne doive nous inquiéter. Chez les personnes atteintes de troubles obsessionnels compulsifs c’est différent, car ils ne parviennent plus à maîtriser ou à ignorer les intrusions de ces pensées dans leur esprit. Celles-ci refont surface régulièrement, sont source d’angoisse et portent sur des sujets spécifiques. On les place dans 3 catégories :
- Les obsessions idéatives : ce sont des idées obsédantes comme la peur d’avoir oublié de fermer la porte ou de faire du mal à quelqu’un.
- Les obsessions phobiques : elles se rapprochent des phobies et sont reliées à des sujets comme la peur de la contamination ou de la saleté.
- Les obsessions de compulsion : ce sont des idées obsédantes, comme la peur d’un passage à l’acte.
Afin de calmer l’anxiété générée par ces obsessions, les personnes souffrant de TOC mettent en place des rituels. Mais loin de constituer une aide, ces derniers se transforment en comportements compulsifs chronophages qui n’ont aucun effet sur leurs angoisses et viennent même les renforcer.
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Les compulsions
On parle de compulsions pour désigner des comportements ou des actes mentaux répétitifs, qui sont réalisés par les personnes souffrant de TOC afin de calmer leurs obsessions et de soulager leur anxiété. Ils sont généralement en lien avec le type de pensées intrusives qui les accompagnent. Ainsi il est courant qu’une personne obsédée par la propreté et la contamination se lave très souvent les mains et refuse de prendre les transports en commun par exemple.
Ces comportements en eux-mêmes n’ont pas un caractère pathologique. Ce qui constitue le vrai problème c’est leur répétition et le temps qu’ils prennent dans le quotidien des personnes qui ont des TOC. Ils peuvent ainsi impacter de manière négative leur quotidien et notamment leur vie familiale, scolaire et professionnelle. Au final, c’est la solution utilisée par les personnes obsessionnelles, les compulsions, qui devient leur problème. Les 3 types de compulsions les plus courants sont les vérifications et les rituels de lavage et de comptage.
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Qui peut être concerné par les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ?
Les troubles obsessionnels compulsifs sont la 4ème pathologie mentale la plus répandue après les phobies, les addictions et les troubles de l’humeur. Ils peuvent toucher tout le monde, peu importe l’âge ou le sexe.
Les troubles obsessionnels compulsifs chez l’enfant et l’adolescent
C’est généralement durant l’enfance que les TOC font leur apparition. Environ 25% des cas débutent avant 14 ans selon l’INSERM. Bien que cette maladie touche autant les filles que les garçons, c’est chez ces derniers que l’on remarque le plus souvent des signes d’apparition précoces. Non pris en charge, ils peuvent entraîner des difficultés sociales pour l’enfant et le pénaliser sur le plan scolaire.
Les signes qui doivent alerter si vous suspectez que votre enfant à des TOC :
- Des comportements répétitifs à la maison et à l’école, comme replacer plusieurs fois le même objet à sa place ou vérifier son cartable à de multiples reprises ;
- Des tentatives de dissimuler ces rituels à ses camarades de classe par peur du ridicule ;
- Une tendance à impliquer son entourage (vous, ses frères et sœurs, ses amis…) dans la réalisation des rituels.
Si vous reconnaissez votre enfant dans ces comportements, mieux vaut solliciter un avis auprès d’un médecin, d’un pédiatre ou d’un psychiatre. Cela permettra de mettre des mots et un diagnostic sur des habitudes qui peuvent être source de tension entre l’enfant qui souffre de TOC et son entourage. De plus, un diagnostic précoce permet la mise en place d’un traitement afin de limiter la poursuite de ces troubles à l’âge adulte.
Les troubles obsessionnels compulsifs de l’adulte
Chez l’adulte, l’impact des troubles dans le quotidien dépend de leur intensité. S’ils sont légers, ils peuvent être compatibles avec une vie familiale, sociale et professionnelle plus ou moins normale. S’ils varient en intensité ou s’ils sont sévères en revanche, l’impact sur la vie sociale peut être important. Cela peut aller jusqu’à un isolement social, des addictions et des troubles dépressifs.
Souvent stigmatisés à tort, les TOC de l’adulte ne doivent pas être moqués ou cachés mais pris en charge. Avec le bon accompagnement et le traitement adapté, ceux qui en souffrent peuvent ainsi s’intégrer et vivre sans être contrôlés par leurs obsessions.
À savoir : 65% des TOC apparaissent avant 25 ans et 15% après 35 ans.
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Pourquoi développe-t-on des troubles obsessionnels compulsifs (TOC) ?
On associe le plus souvent les troubles obsessionnels compulsifs à :
- Des facteurs familiaux et génétiques : ils sont plus communs dans les familles où il y a des antécédents de TOC ou de troubles anxieux.
- Un dysfonctionnement des neurotransmetteurs du cerveau : le rôle des neurotransmetteurs est de faire circuler les informations entre les neurones. Chez les personnes qui ont des TOC, on remarque des dysfonctionnements au niveau de la transmission de la dopamine, de la sérotonine ou encore de la vasopressine. Il semble également que certaines zones de leur cerveau soient en état d’hyperfonctionnement.
- La survenue d’un traumatisme : il est courant (chez 30% des adultes et 38 à 54% des enfants) que des TOC apparaissent suite à un traumatisme ou un stress important. Ces derniers ne causent pas les troubles mais peuvent cependant les révéler.
À savoir : dans la majorité des cas, les TOC s’accompagnent d’autres pathologies mentales comme les troubles de l’humeur, les troubles de la conduite alimentaire…
Le diagnostic des troubles passe obligatoirement par un professionnel de la santé mentale qui peut évaluer leur gravité au moyen de divers outils et tests (tels que l’échelle d’obsession-compulsion de Yale-Brown ou la Children’s Yale Brown Obsessive Compulsive Scale pour les enfants).
Comment guérit-on les troubles obsessionnels compulsifs ?
Chez l’adulte et chez l’enfant, le traitement des troubles obsessionnels compulsifs passe par la prise de médicaments antidépresseurs et/ou des séances de thérapie cognitivo-comportementale (TCC). L’objectif du traitement est de soulager les symptômes et de diminuer la durée des rituels afin de permettre la reprise progressive d’une vie normale.
La thérapie cognitivo-comportementale
La thérapie est prescrite en première intention quand les troubles sont légers à modérés. Chez les enfants, elle peut parfois constituer le seul traitement. Les séances sont menées par un psychiatre, un pédopsychiatre ou un psychologue, en coordination avec le médecin traitant. Elles ont en général lieu 1 fois par semaine et on prévoit un minimum de 20 séances pour constater une amélioration significative.
Le type de thérapie le plus souvent utilisé est la thérapie cognitivo-comportementale, qui s’appuie sur des techniques comme l’exposition graduée avec prévention de la réponse (ERP). L’objectif de celle-ci est que la personne qui souffre de troubles obsessionnels compulsifs s’habitue progressivement à des situations qui lui causent de l’anxiété, sans faire usage de ses rituels. Selon les cas, on peut aussi recourir à des thérapies en groupe ou avec la famille.
Les antidépresseurs
Dans les formes de troubles obsessionnels compulsifs graves, ou qui nécessitent d’abord de faire diminuer les obsessions pour que la thérapie soit efficace, on prescrit des antidépresseurs (Paroxetine, Sertraline, Clomipramine…) Le rôle de ces médicaments est de réguler le rôle de certains neurotransmetteurs, la sérotonine et la noradrénaline. Le traitement doit être suivi pendant une longue période pour être efficace, parfois plusieurs années. Il ne doit pas être diminué ou interrompu sans avis médical sous peine de rechute.
La combinaison des antidépresseurs et des séances de thérapie cognitivo-comportementale permet aujourd’hui d’améliorer l’état de 2 tiers des personnes traitées et d’en guérir 20%.
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La recherche : vers l’espoir d’une meilleure prise en charge pour les troubles obsessionnels compulsifs
La recherche concernant les TOC ne cesse d’avancer afin d’améliorer l’efficacité des soins. Même si la prise d’antidépresseurs et la thérapie cognitivo-comportementale restent le traitement de référence, elles ne donnent pas des solutions satisfaisantes pour tous les patients.
De ce fait, on évalue actuellement d’autres protocoles de traitement pouvant utiliser des techniques comme la stimulation électrique transcrânienne, la stimulation cérébrale profonde, ou encore l’utilisation de substances comme la mémantine (utilisée dans le traitement de la maladie d’Alzheimer et de l’épilepsie) et la psilocybine.
Les traitements naturels
Certaines pratiques comme le yoga, la méditation ou la phytothérapie (via l’utilisation de la valériane, de la mélisse…) peuvent être recommandées pour soulager l’anxiété associée aux troubles obsessionnels compulsifs. Elles doivent cependant nécessiter l’avis d’un médecin (notamment en cas de risque d’interaction médicamenteuse pour la phytothérapie) et ne peuvent pas se substituer à un protocole de traitement médical.