Syndrome du sauveur : comment s’en libérer ?
Vous ressentez le besoin d’aider à n’importe quel prix ? Vous mettez les besoins des autres avant les vôtres ? Vous souffrez probablement du syndrome du sauveur. Derrière cette apparente gentillesse se cache une profonde blessure narcissique. Comment reconnaître ce syndrome ? Comment s’en délivrer ? Chez Qare, on vous donne toutes les explications sur le fonctionnement des “sauveurs”, ces héros à double tranchant.
Le syndrome du sauveur qu’est-ce que c’est ?
Définition du syndrome du sauveur
Bien que non répertorié dans le DSM-V, le manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, le syndrome du sauveur peut causer une grande souffrance à celui qui en est atteint comme à son entourage. On peut le définir ainsi :
- Le besoin d’aider autrui est viscéral
- Extérieurement, la personne fait toujours passer les autres avant elle-même
- Derrière le côté protecteur se cache une blessure narcissique
- Le syndrome du sauveur est associé à une forte dépendance affective
- La personne atteinte éprouve une insécurité émotionnelle
- Le sauveur est une personnalité égocentrique
- En amour, le syndrome du sauveur engendre une relation toxique
Ce syndrome peut se manifester à différents degrés. Dans les formes sévères, il peut engendrer des troubles psychologiques graves.
Syndrome du sauveur et personnalités altruistes quelles différences ?
Il faut distinguer les personnalités altruistes des personnes ayant le syndrome du sauveur.
Aider les autres est une qualité appréciable lorsqu’elle s’exprime de façon sincère et désintéressée. C’est le cas pour les personnalités altruistes dotées d’empathie, la capacité à ressentir les émotions des autres et à se mettre à leur place.
Les personnes altruistes ne viennent en aide que lorsqu’une personne en exprime le besoin implicitement ou explicitement. A l’inverse les « sauveurs » vont chercher à aider autrui par tous les moyens. Ils sont capables d’user de leur influence pour manipuler l’autre dans le but de le secourir.
De plus, lorsqu’une personne altruiste vient en aide à autrui, elle se met en retrait. C’est l’autre qui est au centre de ses préoccupations. Le « sauveur » lorsqu’il porte secours, met en avant ses actions et tout ce qu’il fait pour l’autre. C’est lui qui est au centre de ses préoccupations.
Syndrome du sauveur et triangle dramatique
A travers ses échanges relationnels, le sauveur cherche à réaffirmer le scénario qu’il s’est créé intérieurement, celui du « super héros ». Ce scénario relationnel se retrouve dans le triangle de Karpman ou triangle dramatique. Cette théorie explique le fonctionnement des relations toxiques.
Pour qu’il y ait apparition d’un triangle dramatique, il faut un minimum de deux personnes qui vont au cours de leur relation interchanger trois rôles : le sauveur, le bourreau et la victime.
Lorsqu’on est atteint du syndrome du sauveur, nos relations fonctionnent généralement à travers le prisme du triangle de Karpman. Un « sauveur » se condamne donc inconsciemment à évoluer dans des relations toxiques.
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Quelles sont les causes du syndrome du sauveur ?
Le syndrome du sauveur prend racine dans une blessure narcissique. Bien que l’enfance soit un terreau propice aux blessures profondes de ce type, l’âge adulte n’en protège pas pour autant. Voici les principaux éléments déclencheurs :
- Le sentiment d’avoir été abandonné
- La sensation d’avoir aimé sans retour de l’autre
- Une situation où l’on s’est senti rejeté
- Avoir vécu une situation humiliante
- Le fait d’avoir été maltraité verbalement, physiquement ou sexuellement
Il est donc possible de développer un syndrome du sauveur suite à un traumatisme durant l’enfance comme à l’âge adulte.
Comment savoir si on a le syndrome du sauveur ?
Pour savoir si vous souffrez du syndrome du sauveur certains symptômes peuvent vous mettre sur la piste. Si vous vous reconnaissez dans ces critères, vous êtes probablement un « sauveur ».
Une estime de soi corrélée à la reconnaissance des autres
Lorsqu’on souffre du syndrome du sauveur, on souffre d’un cruel manque d’estime et de confiance en soi. On va donc chercher à combler ce manque à travers le regard et la reconnaissance des autres.
L’aide que l’on apporte aux autres sert un but narcissique, celui de nourrir l’image positive que l’on souhaite avoir de nous-même. Une image que l’on est incapable de se donner à travers le seul regard que l’on porte sur nous-même.
Lorsqu’il n’y a personne à aider, on perd toute estime de nous-même et toute confiance en nous. On peut se mettre à dépérir allant parfois jusqu’à tomber en dépression.
Une besoin d’emprise psychologique sur les autres
Notre besoin d’aider viscéral est facilement comblé par quelqu’un qui cherche à être aidé. On va inconsciemment vers des personnes fragiles et vulnérables. Des personnes ayant subi des traumatismes ou souffrant actuellement.
Mais lorsqu’une personne émet des réserves quant à l’aide proposée, on va chercher à la convaincre quoi qu’il en coûte. On peut user de manipulation pour l’influencer à accepter notre aide, quitte à la fragiliser encore plus. On peut même aller jusqu’à se mettre en colère.
Derrière le fait de chercher à sauver autrui, on cherche en fait à soumettre la personne à nous. Une façon pour nous de se sentir supérieur.
Une forte dépendance affective liée à une insécurité émotionnelle
Lorsqu’on souffre du syndrome du sauveur, on souffre d’une forte insécurité émotionnelle. Notre cerveau nous fait constamment cogiter sans raison apparente :
- peur de perdre l’amour des personnes qui nous entourent
- peur de perdre l’estime que nos proches nous portent
- peur d’être abandonné
Ces angoisses nous poussent à créer des relations fusionnelles. Un cadre dans lequel on oublie notre « soi » au détriment du « nous ».
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Le syndrome du sauveur en amour
Le symptôme d’une relation toxique
Lorsqu’il s’agit de couple, le « sauveur » choisit toujours des personnes qui vont mal. Il peut poser son dévolu sur une personne ayant subi un traumatisme, qui est sous le joug d’une addiction ou encore qui a l’habitude de se poser en victime.
Cette complémentarité s’avère néfaste pour la relation. Celle-ci n’est pas fondée sur une égalité entre les deux personnes. Le sauveur va au contraire prendre l’ascendant sur la personne de gré ou de force, prônant le désir de l’aider à sortir de sa souffrance. Une relation de dominant dominé rendue possible par l’emprise psychologique.
Ce déséquilibre relationnel est le fondement des relations toxiques, avec à la clé une issue généralement dramatique pour les deux parties.
En outre, ce type d’échanges relationnels ne fait que renforcer les dysfonctionnements de l’un et de l’autre.
Syndrome du sauveur versus syndrome de Stockholm
Le syndrome du sauveur est à distinguer du syndrome de Stockholm. Ce dernier désigne une affection portée à son bourreau, il s’apparente au syndrome de la femme battue (SFD).
Le syndrome de Stockholm induit pour la victime le besoin de protéger son persécuteur. Néanmoins, les causes et l’évolution des deux syndromes sont différentes.
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Comment se débarrasser du syndrome du sauveur ?
Fiabilité des tests du syndrome du sauveur
Il existe des tests pour déterminer si l’on souffre d’un syndrome de Stockholm, mais leur fiabilité est perfectible. Les tests sont des questions auto-administrées. Le résultat est donc déterminé par la réponse de la personne. Répondre de façon objective est donc relativement difficile.
Nous n’avons pas forcément le recul nécessaire pour poser un regard objectif sur nous-même. Parfois même, certaines de nos réactions sont inconscientes. Pour cela, les tests ne permettent pas de diagnostiquer un syndrome du sauveur.
Syndrome du sauveur : psychanalyse et suivi psychologique
Le diagnostic se fait à travers la consultation d’un professionnel. En quelques séances, un psychologue pourra déceler ce dysfonctionnement. L’étape suivante est la prise de conscience du patient puis la reconstruction psychologique de sa personnalité. Cela est possible à travers un suivi psychologique.
Si la cause de votre blessure narcissique se trouve dans votre enfance, une psychanalyse peut être envisagée. La compréhension des causes profondes et des mécanismes à l’œuvre peut permettre de les faire évoluer.
Se libérer de la dépendance affective par l’affirmation de soi
Pour sortir du syndrome du sauveur, un travail sur l’estime de soi et la confiance en soi est primordial. Pour cela, il est important d’aller puiser en vous-même la reconnaissance dont vous avez besoin.
Dans votre vie personnelle, vous pouvez vous challenger en développant une activité qui vous tient à cœur. Le fait d’évoluer dans cette activité, va renforcer votre estime de vous.
Vous pouvez aussi développer les affirmations positives dans votre quotidien. Une pratique régulière sur du long terme peut impacter significativement l’image que vous portez sur vous-même.