Mythomanie : comment la soigner ?
La mythomanie est une tendance pathologique au mensonge, décrite pour la première fois par le psychiatre allemand Anton Delbrück en 1891. Relevant d’un trouble du comportement, elle peut être difficile à appréhender pour l’entourage de ceux qui en souffrent. De quelle manière peut-on reconnaître les signes de la mythomanie chez un proche ou un collègue ? Comment peut-on la soigner ? L’équipe médicale de Qare vous donne ses conseils.
À quoi reconnaît-on une personne mythomane ?
Avant de savoir comment la soigner, il faut d’abord comprendre que la mythomanie n’est pas une maladie mentale mais un trouble du comportement. Elle n’est d’ailleurs définie ni dans le DSM-5 ni dans le CIM-11 (les publications de classifications internationales des maladies et des troubles mentaux émanant respectivement de l’Association américaine de psychologie et de l’Organisation mondiale de la santé).
Décrite pour la première fois par le psychiatre allemand Anton Delbrück au 19ème siècle et théorisée par le psychanalyste Ernest Dupré en 1905, elle se manifeste par :
- Un recours systématique au mensonge ;
- Une incapacité à faire la différence entre ses fabulations et la réalité.
Souvent difficile à identifier de premier abord, le mythomane se reconnaît à la longue par sa tendance à déformer la réalité, du simple ajustement au remaniement total de sa vie. Il peut ainsi s’inventer une profession prestigieuse, prétendre avoir grandi dans un pays exotique ou même raconter qu’il a vécu un accident grave alors que ce n’est pas le cas.
Le confronter n’est généralement pas utile dans la mesure où il croit sincèrement en ce qu’il dit, contrairement à un manipulateur qui ment dans le but d’obtenir quelque chose. L’approche thérapeutique peut néanmoins lui permettre de s’en sortir.
Est-il possible de soigner la mythomanie ?
Le seul traitement qui permet aujourd’hui de soigner la mythomanie, c’est la psychothérapie. Celle-ci est mise en place avec l’accompagnement d’un psychiatre ou d’un psychologue et a plusieurs objectifs :
- Comprendre la ou les causes derrière les mensonges chroniques (choc émotionnel, trouble psychiatrique…) ;
- Restaurer l’estime de soi du mythomane.
Il est rare qu’un mythomane sollicite de lui-même de l’aide pour soigner son trouble, dans la mesure où il n’en a en général pas conscience. Il est plus courant que la démarche soit initiée par ses proches, qu’il s’agisse de son/sa partenaire, ses amis ou sa famille. Néanmoins, il est important qu’il soit également impliqué dans la démarche thérapeutique afin qu’elle soit efficace.
Ainsi, avec de la patience, le soutien de ses proches, une confiance en soi restaurée et une meilleure compréhension de son fonctionnement, il est possible pour le mythomane d’apprendre à accepter sa vie pour ce qu’elle est et de cesser de la réinventer systématiquement.
Vous n'êtes pas seul(e)
Vous pensez qu’un de vos proches est mythomane ? Parlez de vos observations avec un psychiatre. Disponibilité 7J/J, de 6h à 1h du matin.
Comprendre les causes de la mythomanie : un point de départ pour savoir comment la soigner
Quand la mythomanie trouve ses origines dans un traumatisme
Comprendre les causes de la mythomanie est essentiel si on souhaite en sortir. À travers l’approche thérapeutique, on associe souvent l’apparition de ce trouble à un choc émotionnel résultant d’un événement traumatisant comme le décès d’un proche, une rupture amoureuse ou un échec scolaire ou professionnel par exemple.
C’est le désir de fuir cette réalité qu’il ne peut pas supporter qui est à l’origine des mensonges. Ces derniers constituent alors une sorte de cocon, qui protège le mythomane des souffrances du monde réel tout en lui permettant de vivre à travers son imagination.
Les maladies mentales associées à la mythomanie
Dans d’autres cas, la mythomanie est le symptôme d’un autre trouble psychique tel que :
- Le trouble de la personnalité limite ou borderline ;
- Le trouble de la personnalité narcissique ;
- Le trouble délirant de type mégalomaniaque ;
- Le trouble factice aussi appelé pathomimie.
Dans cette situation, la psychothérapie n’est pas forcément suffisante et un traitement médicamenteux peut être mis en place en fonction de la pathologie concernée.
Peut-on vivre avec une personne mythomane ?
Comment appréhender la tendance au mensonge compulsif d’un proche ?
Côtoyer un menteur pathologique peut être difficile dès lors qu’on réalise qu’il n’est pas vraiment possible de lui faire confiance. On aurait pourtant tort de le prendre personnellement, car la première personne à laquelle le mythomane ment, c’est lui-même. Il n’a d’ailleurs pas forcément conscience de causer du tort autour de lui.
Si confronter un mythomane peut parfois porter ses fruits, c’est en réalité plutôt rare. Le mettre face à ses fabulations peut en revanche le plonger dans la détresse émotionnelle et provoquer chez lui la fuite, la colère ou encore une profonde tristesse. Dans certains cas, un mythomane préfèrera mettre fin à ses jours plutôt que d’affronter une réalité qui le fait souffrir.
Mieux vaut donc faire preuve de prudence et de bienveillance quand on est face à un menteur chronique et ne pas le brusquer. Si on le sent réceptif à la remise en question, l’orienter en douceur vers un accompagnement thérapeutique auprès d’un professionnel de la santé mentale est la meilleure option.
N'attendez pas que la situation s'aggrave
Si un de vos proches présente des signes de mythomanie, consultez un psychiatre afin de connaître les bons comportements à adopter.
Comment faire si le menteur compulsif refuse de se soigner ?
Dans le cas où on est face à une personne qui est dans l’incapacité totale de réaliser le caractère pathologique de son comportement, la solution la plus saine peut être de s’éloigner. Même si cela ne se fait pas sans douleur, il est important que le désir d’aider l’autre ne prenne pas le pas sur son propre bien-être.
On peut ainsi choisir de limiter ses interactions, de manière à pouvoir continuer à être présente pour cette personne sans pour autant devenir sa victime ou son complice. Cette solution peut être particulièrement adaptée dans le cadre professionnel ou familial, quand il n’est pas possible ou souhaitable de couper les ponts.