Mythomanie : comment reconnaître un menteur pathologique ?
A différencier avec le simple mensonge, la mythomanie est un véritable trouble du comportement. Ceux qui en souffrent sont incapables de faire la différence entre les histoires qu’ils inventent et la réalité. Comment définir la mythomanie ? Quelles sont les différences entre un menteur invétéré et un mythomane ? Nous décryptons le sujet pour vous.
Qu’est-ce que la mythomanie ?
La mythomanie est une tendance pathologique au mensonge, qui relève de la psychiatrie. Par définition, un mythomane est une personne qui :
- Ment de manière systématique ;
- N’a pas conscience de la frontière entre ce qu’elle dit et la réalité ;
- N’est pas capable de réaliser le caractère mensonger de ses déclarations, même quand on la confronte.
Le psychiatre allemand Anton Delbrück décrit pour la première fois ce trouble en 1891. Le terme est ensuite repris dans les travaux du psychanalyste français Ernest Dupré en 1905. Il tire son origine du grec ancien : “mythos” (qui signifie légende ou mythe) et “manie” (de mania qui veut dire folie).
Aujourd’hui le terme est moins utilisé par les professionnels de santé et ne fait pas partie des derniers ouvrages de classifications internationales des troubles mentaux (DSM-5 et CIM-11). Il est cependant associé à d’autres pathologies mentales comme le trouble de la personnalité narcissique, le trouble de la personnalité limite (borderline), le trouble factice et le trouble délirant de type mégalomaniaque.
Comment différencier un menteur d’un mythomane ?
Le terme mythomane ou “mytho” fait partie de notre langage courant au point qu’on l’utilise aujourd’hui pour qualifier toute personne qui ment de manière répétée. Une distinction est cependant à faire entre la personne qui invente des histoires pour se tirer d’une mauvaise situation et le menteur compulsif.
Comment reconnaître un mythomane ?
Ce qui distingue un mythomane d’un simple menteur, c’est qu’il n’y a pas de frontière entre ce qu’il raconte et sa perception de la réalité. Il vit littéralement à travers ses fabulations. Les symptômes de la mythomanie sont :
- Des mensonges répétés et constants ;
- Des fabulations qui peuvent aller de la modification de petits détails de sa vie à sa réinvention totale ;
- Un besoin de se créer une réalité alternative afin d’éviter de souffrir ;
- Un manque de confiance et d’estime de soi ;
- De grandes difficultés ou une incapacité à réaliser qu’il ment, même quand on lui donne des preuves.
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Quelles sont les différences entre un mythomane et un simple menteur ?
Si le terme mythomane est si fréquent c’est que le mensonge est constamment utilisé lors de nos interactions sociales. Il peut parfois l’être pour de “bonnes” raisons, comme par exemple lorsqu’on ment pour protéger les sentiments d’autrui. Ou encore quand on raconte à ses enfants que c’est le père Noël qui a déposé des cadeaux sous le sapin.
Mais même si nous mentons tous, certains mensonges sont plus bénins que d’autres et ils n’ont pas tous les mêmes conséquences. Un menteur invétéré ou un manipulateur a conscience de distordre la réalité et le fait généralement dans un but précis et au détriment de son interlocuteur. Pour un escroc par exemple, le mensonge est un outil utilisé dans le but de tromper autrui. Pour un séducteur peu scrupuleux, il peut servir à dissimuler des informations afin de cumuler plusieurs relations amoureuses.
Un mythomane ment quant à lui de manière inconsciente Il ne connaît pas d’autre fonctionnement que de continuer à vivre dans un monde imaginaire qu’il se crée afin de protéger sa vision du monde et sa sensibilité.
Quelles sont les causes de la mythomanie ?
Les causes exactes de la mythomanie sont souvent difficiles à identifier. Elle provient d’un besoin profond de fuir la réalité qui vient souvent d’un choc émotionnel (décès d’un proche, annonce d’une maladie incurable, échec scolaire ou professionnel, déception amoureuse…).
Elle est également associée à plusieurs troubles psychiatriques :
- Trouble de la personnalité narcissique : un besoin extrême de reconnaissance accompagné d’un manque d’empathie.
- Trouble de la personnalité limite (borderline) : caractérisé par de l’instabilité dans les relations sociales, une sensibilité et des humeurs difficiles à gérer, une mauvaise image de soi et de l’impulsivité.
- Trouble factice (pathomimie) : simulation consciente ou inconsciente d’une maladie.
- Trouble délirant de type mégalomaniaque : conviction délirante et infondée d’avoir des capacités ou talents au-dessus de la moyenne ou d’avoir fait une importante découverte.
A noter : si la mythomanie en elle-même n’est pas héréditaire, certains troubles mentaux associés à des mensonges chroniques le sont. De plus, on observe souvent chez les mythomanes des figures parentales crédules, manipulatrices ou absentes. Ce qu’il faut retenir, c’est que les mensonges compulsifs émanent le plus souvent d’un rapport particulier aux émotions et d’un manque profond d’estime de soi.
N'attendez pas que la situation s'aggrave
Si un de vos proches présente des signes de mythomanie, consultez un psychiatre afin de connaître les bons comportements à adopter.
Peut-on sortir de la mythomanie ?
Un mythomane peut-il reconnaître qu’il ment ?
Il est très difficile pour un mythomane de reconnaître le caractère pathologique de ses mensonges ou même simplement le fait qu’il ment. C’est lié à son sens distordu de la réalité qui l’empêche de la percevoir telle qu’elle est.
Dans les formes les plus légères de mythomanie, il peut être possible de confronter le mythomane. Mieux vaut cependant ne pas avoir trop d’attentes et s’armer de patience car on peut se retrouver face à un déni important et parfois insurmontable. La meilleure option lorsqu’on a un proche qui souffre de mythomanie est de solliciter un avis médical auprès d’un psychiatre, à la fois pour le diagnostic et le pour le traitement.
On peut se poser la question de savoir comment il est possible de vivre avec un mythomane. La réponse dépendra de son degré de mythomanie et de son acceptation d’un éventuel traitement. Le soutien seul du ou de la partenaire d’un menteur pathologique n’est généralement pas suffisant, que cette personne aille dans son sens ou qu’elle tente de le confronter.
Comment soigner la mythomanie ?
Il n’existe à ce jour pas de traitement médicamenteux contre la mythomanie mais la thérapie peut en revanche aider. Comprendre les causes des mensonges et faire un travail sur l’estime de soi des menteurs maladifs, permet parfois de les aider à sortir petit à petit de cette pathologie.
Cela nécessite que la démarche de guérison émane dans une certaine mesure du mythomane et pas seulement de son entourage, ce qui est rare. Le suivi psychiatrique et thérapeutique laisse cependant de l’espoir afin d’accompagner et de faciliter le retour à la réalité de ces menteurs pas comme les autres.