Cholestase gravidique : comment savoir si on en a une et comment la traiter ?
La cholestase gravidique est une maladie du foie qui survient parfois lors du 3ème trimestre de la grossesse. Si elle est simplement associée à des démangeaisons gênantes chez la mère, elle peut avoir de lourdes conséquences sur la santé de l’enfant qu’elle porte. Mieux vaut donc savoir la reconnaître afin de la prendre en charge dès les premiers signes.
C’est quoi la cholestase gravidique ?
La cholestase : un dysfonctionnement du foie
La cholestase ou cholestase intra-hépatique est définie par la réduction ou l’arrêt de l’écoulement de la bile. Pour rappel, la bile est un liquide visqueux et amer produit par le foie, qui permet la digestion des aliments et particulièrement celle des lipides. Elle est composée d’eau, d’électrolytes, de cholestérol, de lécithines, de sels biliaires et de bilirubine (le pigment responsable de la couleur marron des selles).
Lorsqu’une cholestase survient, les hépatocytes (cellules du foie) cessent de fonctionner et perturbent le trajet de la bile. Celle-ci, au lieu de passer par les canaux biliaires (qui relient le foie, la vésicule biliaire et l’intestin grêle), s’accumulent et finissent par se retrouver directement dans le sang.
Le cas de la cholestase gravidique
On parle de cholestase gravidique pour désigner une maladie de la grossesse qui survient lors du 3ème trimestre. Elle se caractérise par :
- Une élévation du taux d’acides biliaires dans le sang ;
- Des démangeaisons (aussi appelées prurit), qui sont d’abord localisées aux extrémités et peuvent rapidement se généraliser à tout le corps ;
- Une augmentation des risques de mort in utero, d’accouchement prématuré et de détresse respiratoire chez le nouveau-né ;
- Exceptionnellement, l’apparition d’une jaunisse dans les cas les plus sévères (à cause de la biribuline, qui est jaune avant son passage par le côlon).
La cholestase gravidique est plus ou moins rare selon les régions du monde. Si elle concerne 0,1 à 1% des grossesses en France, ce pourcentage monte à 2% en Scandinavie et dans les pays baltes et peut atteindre les 15% au Chili et en Bolivie. Ses causes exactes ne sont pas connues mais les recherches suggèrent des facteurs hormonaux, génétiques et environnementaux.
On observe également que cette maladie du foie survient plus fréquemment avec la montée de l’âge, en cas de grossesse multiple et tend à récidiver d’une grossesse à l’autre. De plus, elle est plus fréquente en hiver ce qui fait qu’on l’associe à des faibles taux de vitamine D.
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Cholestase intra-hépatique de la grossesse : quels sont les risques pour la mère et pour l’enfant ?
Lorsque la cholestase intra-hépatique survient pendant la grossesse, elle expose la mère à des symptômes désagréables et met à risque la santé de l’enfant qu’elle porte.
La cholestase gravidique : une source de désagréments pour la femme enceinte
La caractéristique principale (et parfois la seule), de la cholestase gravidique, ce sont des démangeaisons intenses ou prurit, sans boutons, qui sont présentes dans la quasi-totalité des cas. Elles touchent la totalité du corps et sont accentuées sur les extrémités (les pieds et les mains). Bien que bénignes, elles peuvent être source de difficultés à s’endormir qui génèrent à leur tour une accumulation de fatigue.
Dans les cas graves, la maladie peut aussi provoquer un ictère, c’est-à-dire un jaunissement de la peau. Ces symptômes disparaissent après l’accouchement mais sont également associés à un risque accru de développer des calculs biliaires. Ces petits dépôts se forment dans la vésicule biliaire et peuvent causer des douleurs abdominales aiguës, de la fièvre et parfois une jaunisse (10% des cas).
Les cholestases gravidiques sont plus communes chez les femmes souffrant du syndrome LPAC, une prédisposition génétique à la formation de calculs biliaires dans et à l’extérieur du foie.
Les conséquences potentiellement graves de la cholestase gravidique sur le fœtus
En dehors des désagréments causés à la mère, la cholestase gravidique fait courir des risques pour la santé de son enfant à naître, car le fœtus est exposé aux acides biliaires via le sang circulant dans le cordon ombilical et le liquide amniotique. Sans que les causes exactes soient claires, il y a ainsi une multiplication des risques de mort in utero, de prématurité et de détresse respiratoire à la naissance.
C’est principalement pour ces raisons que des démangeaisons dès la fin du 2ème trimestre de la grossesse doivent nécessiter une attention immédiate et la prescription d’un bilan hépatique (par une prise de sang réalisée à jeun). Cela permet de vérifier les niveaux d’acides biliaires et de transaminases, les enzymes dont un taux élevé est associé à plusieurs maladies du foie et/ou à une consommation excessive d’alcool.
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Comment soigne-t-on la cholestase gravidique ?
Si la cholestase gravidique peut être une source de stress importante lorsque l’on est enceinte, il existe heureusement des traitements permettant de la soigner.
Traiter la cholestase gravidique
Lorsqu’il y a soupçon de cholestase gravidique, on réalise à la demande du médecin ou de la sage-femme, un bilan hépatique des acides biliaires et des transaminases. Ce bilan doit être fait à jeun et permet à la fois de confirmer le diagnostic et d’évaluer le degré de sévérité de la maladie. Le taux sérique est considéré comme pathologique quand il est supérieur à 14 micromoles/L.
Si le diagnostic est confirmé par le bilan hépatique, le traitement dépend alors de l’état d’avancement de la grossesse :
Avant la 37ème semaine | Après la 37ème semaine |
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Dans les cas graves ou ceux pour lesquels la prise d’acide ursodésoxycholique ne parvient pas à faire baisser les concentrations d’acide biliaire de manière satisfaisante, une hospitalisation est parfois nécessaire. Elle peut comprendre des bilans hépatiques réguliers, des échographies et du monitoring (un suivi des battements de cœur du bébé 2 à 3 fois par jour). Après l’accouchement, un suivi est mis en place afin de vérifier que les taux sériques reviennent bien à la normale.
Prévenir la cholestase intra-hépatique de la grossesse
Même s’il n’est pas possible de prévenir la cholestase gravidique, avoir une bonne hygiène de vie est recommandé afin de maintenir une bonne santé pendant la grossesse. Cela passe notamment par une alimentation équilibrée, riche en fibres, et le fait de boire au moins 1,5L d’eau par jour. Une vigilance particulière reste de mise s’il y a déjà eu des cas de cholestase intra-hépatique de la grossesse dans la famille et/ou en cas de naissance multiple, car le risque est alors accru.
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Foire aux questions
Démangeaisons pendant la grossesse : quand faut-il s’inquiéter ?
Les démangeaisons pendant la grossesse sont courantes et sont le plus souvent dues à une sécheresse de la peau liée aux changements hormonaux. Néanmoins, en cas de démangeaisons généralisées pendant le 3ème trimestre (ou même un peu avant), le risque ne doit pas être négligé et nécessite un avis médical rapide. Un médecin ou une sage-femme peut vous prescrire des bilans hépatiques afin de déterminer si vos symptômes sont reliés ou pas à une cholestase gravidique.
Puis-je téléconsulter en cas de soupçon de cholestase intra-hépatique de la grossesse ?
En cas de doute, la téléconsultation peut vous permettre de parler rapidement de vos symptômes à un médecin ou une sage-femme. Ce dernier peut alors vous prescrire un bilan hépatique que vous pourrez présenter lors de votre consultation en présentiel ainsi que des médicaments (comme des antihistaminiques en cas de démangeaisons), si besoin.