La grippe espagnole de 1918
Lorsqu’on parle de l’épidémie actuelle de Coronavirus, on évoque souvent la grippe espagnole de 1918. C’est évidemment un peu inquiétant car le nombre de morts dus à la grippe espagnole a dépassé les 30 millions dans le monde. Mais la comparaison est-elle pertinente ? Nous faisons le point avec vous sur l’origine de la grippe espagnole, ses symptômes et son évolution.
La grippe espagnole, c’est quoi exactement ?
La grippe dite espagnole apparaît il y a un siècle, au printemps 1918. La première guerre mondiale n’est pas encore terminée. Le virus, de type H1N1, va très vite se répandre sur l’ensemble de la planète.
Les 3 temps de la grippe espagnole
- Entre mars et juillet 1918, une première vague d’épidémie fait de nombreux malades, dans l’armée notamment, mais peu de morts. On parle de la “fièvre de 3 jours” sans s’inquiéter particulièrement.
- De fin août à novembre 1918, une 2ème vague de grippe espagnole apparaît, beaucoup plus meurtrière ; le virus a sans doute muté. En France, elle démarre notamment avec l’arrivée d’un navire de guerre américain. 2000 soldats malades de la grippe espagnole (sur 9000 au total) débarquent à Brest, en Bretagne.
- Une 3ème vague se déclare enfin durant l’hiver 1918-1919, heureusement moins mortelle.
Des symptômes grippaux
Les symptômes de la grippe espagnole ressemblent à ceux de la grippe classique ou de la grippe A qui est aussi de type H1N1. Les symptômes principaux sont de la fièvre et des maux de tête. La grippe espagnole devient dangereuse lorsqu’elle se complique. La plus grosse complication était alors la pneumopathie bactérienne pour laquelle nous n’avions pas encore d’antibiotiques. Les malades meurent par asphyxie, d’insuffisance respiratoire. Il est alors très difficile de soigner les malades de la grippe espagnole lorsqu’elle se complique. Heureusement, il est beaucoup plus facile de soigner une grippe saisonnière, avec les traitements adaptés, que la grippe espagnole.
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Bon à savoir : la grippe intestinale désigne la gastro, une inflammation du système digestif qui provoque crampes d’estomac, diarrhées, vomissements. Mais cette maladie n’est pas provoquée par les mêmes virus qui causent la grippe saisonnière.
Pourquoi parle-t-on d’une maladie “espagnole” ?
La guerre imposait une censure des médias, pour ne pas nuire au moral des troupes. Mais l’Espagne n’était pas en guerre et les journaux espagnols ont ainsi été les premiers à signaler les décès ; d’où le nom de “grippe espagnole”. En fait, l’origine de la grippe espagnole n’est pas du tout l’Espagne. Les scientifiques ont longtemps cru qu’elle était apparue aux USA, aujourd’hui ils penchent pour une origine asiatique.
Dans les deux cas, il s’agit d’une forme de virus grippal qui se répand rapidement. Mais les personnes gravement touchées ne sont pas les mêmes et les méthodes utilisées pour freiner le virus non plus.
Qui sont les victimes de la grippe espagnole ?
La courbe des personnes décédées à cause de la grippe espagnole est atypique. En effet les 20-35 ans sont majoritaires. Enfants et personnes âgées sont largement touchées par la grippe mais leur taux de mortalité est bien inférieur. Aujourd’hui au contraire, la Covid-19 montre sa gravité surtout pour les personnes de plus de 60 ans, comme c’est le cas pour la grippe.
Quel taux de mortalité ?
En France, on estime à 240 000 le nombre de morts dus à la grippe espagnole. Le taux de mortalité aurait ainsi été de 4/1000 personnes. Mais en 1918, le système de santé est complètement désorganisé par la guerre. On manque de tout dans les hôpitaux. Dans d’autres circonstances on aurait sans doute pu éviter un certain nombre de surinfections pulmonaires et donc de décès si on avait pu bénéficier d’antibiotiques efficaces, inexistants à l’époque du drame.
Y a-t-il eu un confinement au moment de la grippe espagnole ?
Au plus fort de l’épidémie en France, l’Académie de médecine recommande la fermeture des théâtres, écoles et lieux publics, et la désinfection des transports. Mais ce n’est pas une obligation, et peu de préfets vont imposer ce genre de mesures. C’était une période de guerre, la circulation des soldats et des fournitures militaires était indispensable. Et surtout, personne ne savait vraiment comment le virus circulait. Il n’y a donc eu aucun confinement en 1918 : la notion même n’existait pas.
Sources :
- https://www.medecinesciences.org/en/articles/medsci/full_html/2006/08/medsci2006228-9p767/medsci2006228-9p767.html (texte de 2006)
- https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2020/05/15/peut-on-comparer-les-mesures-prises-face-a-la-grippe-espagnole-de-1918-et-face-au-covid-19_6039799_4355770.html
- https://www.herodote.net/Cinquante_millions_de_victimes-synthese-2671-548.php
- https://factuel.afp.com/la-deuxieme-vague-de-grippe-en-1918-fut-la-plus-letale-mais-pas-parce-que-la-population-abandonne