5 questions à se poser sur la santé mentale de votre enfant

Par L'équipe médicale · Qare · Mis à jour le 18 novembre 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Vous est-il déjà arrivé de vous demander si la tristesse ou la frustration de votre enfant sont normales ? De nombreux parents se posent des questions sur la santé mentale de leurs enfants, surtout face aux tempêtes émotionnelles que ces derniers peuvent traverser. Et pour cause, les enfants ont souvent beaucoup de mal à gérer leurs émotions, notamment la frustration, la tristesse ou encore la colère. Et c’est normal ! Ils sont encore en pleine phase d’apprentissage, et il est souvent difficile pour eux d’exprimer correctement ce qu’ils ressentent. Mais pas de panique. Notre podcast est là pour vous aider à y voir plus clair. Vous y trouverez des réponses aux questions fréquentes que vous vous posez sur la santé mentale de votre enfant et des conseils pour l’accompagner au mieux.

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Voici cinq questions à se poser pour mieux comprendre ce que son enfant traverse et des conseils pour l’aider selon la situation.

  • Comment faire la différence entre tristesse et dépression ?
  • Comment aider ses enfants à exprimer leurs émotions ?
  • Quand consulter ?
  • Qu’est-ce que le refus scolaire anxieux ?
  • Comment aider ses enfants à surmonter leur tristesse ?

Le Dr Nathalie Ferrant-Otormin, médecin pédopsychiatre, répond aux questions que vous nous avez posées sur la santé mentale de votre enfant dans cet épisode du Morning Qare.

“Comment peut-on faire la différence entre de la tristesse ou une déprime passagère chez mon enfant et les vrais signes d’une dépression ?”

Réponse du docteur Nathalie Ferrant-Otormin : “On peut souvent identifier l’objet de la tristesse. Ça peut être en fonction de l’âge, la perte d’un animal domestique, un déménagement, un divorce des parents. C’est la perte d’un objet d’amour, d’un objet qui est proche, qui est cher à l’enfant. Alors que la dépression, ce n’est pas juste une simple tristesse, c’est un ensemble de signes. Souvent, chez l’enfant, contrairement à l’adulte, ce n’est pas forcément la tristesse qui va primer. Au contraire, on voit plutôt des enfants agités. Qui ont des gros problèmes de sommeil, ne sont plus comme avant. C’est-à-dire que là, en ce moment, on en voit, par exemple, qui ont du mal à aller à l’école, qui ont du mal à se séparer, qui se réfugient dans des jeux vidéo. Ça, ça ne veut pas dire qu’ils sont en dépression. Ça peut être des éléments dépressifs, quelque chose de passager. La maladie dépressive, il faut beaucoup d’items de ce type-là pour pouvoir faire un diagnostic de dépression. Actuellement, on vit une époque qui est assez particulière où on a perdu nos repères, où les adultes comme les enfants sont assez exposés à du stress répété, ça peut donner des réactions dépréciées.”

“Comment est-ce que je peux faire pour aider mon enfant à parler de ce qui l’inquiète ou de ce qui la chagrine ?”

Réponse du docteur Nathalie Ferrant-Otormin : “Là, ça dépend encore une fois de l’âge. Un tout petit, je pense que pour rentrer dans son intimité, dans son émotion, il faut parler avec lui, mais pas forcément insister. Ça peut aussi être en jouant. Dans la vie du quotidien, tôt ou tard, vont ressortir ses préoccupations. Il faut faire un espèce de scanner, suivre à l’école, à la maison, avec les frères et sœurs, avec papa, avec maman, et on finit par trouver un fil conducteur. Et puis après, on pose des questions ouvertes, c’est-à-dire qu’il ne faut surtout pas le brusquer et peut-être respecter ce temps de non-communication, mais la maman a peut-être intérêt à dire qu’en tout cas, qu’elle s’inquiète et qu’elle aimerait faire quelque chose pour son enfant.”

En dehors de la parole, quelles sont les autres façons qu’a un enfant d’exprimer ses émotions ?

Réponse du docteur Nathalie Ferrant-Otormin : “Ça peut être un jeu avec des playmobiles, avec des dessins, c’est très révélateur. En tout cas, en psychanalyse, chez les adultes, on va utiliser le rêve et la parole en association libre. Les enfants, c’est assez stupéfiant, ce qui se révèle simplement à travers un jeu. Leurs scénarios sont assez complexes et en général, c’est un livre ouvert. Après, c’est les parents, ce n’est pas forcément des professionnels, mais déjà, s’il y a des dévorations, si les dinosaures sont toujours en train de bouffer les Playmobil, si à chaque fois, c’est le chaos dans la chambre et que tout explose, là, c’est quand même la manifestation d’angoisse, mais ça peut être aussi un enfant qui va tout ranger par ordre etc. À chaque fois, si ce n’est plus comme d’habitude, il faut écouter cette petite musique de parents qui dit: Quand même, ce n’est pas comme avant et puis il ne va pas bien. À ce moment-là, il faut en parler à son médecin.”

“Quels sont les signes qui doivent m’alerter et qui indiquent qu’il est temps de consulter un médecin généraliste ou bien un professionnel de la santé mentale ?”

Réponse du docteur Nathalie Ferrant-Otormin : “Si elle se pose la question, c’est qu’elle a des petits signaux d’alarme. Je pense que si ça persiste dans le temps, si c’est un enfant qui refait pipi au lit ou qui ne dort pas ou qui a besoin de nouveau de revenir dormir dans le lit des parents, avise son médecin généraliste qui va peut-être simplement la rassurer ou lui dire: ‘Écoutez, ce n’est pas dans mes compétences. Peut-être que ça serait bien de consulter un spécialiste’. Mais se poser la question, c’est déjà commencer à chercher des réponses, des réponses de bon sens de maman. Et puis, si ça ne suffit pas, bien sûr, elle peut demander l’avis de professionnel. C’est tout à fait légitime.”

“Est-ce que les parents vous consultent parfois sans raison valable ?”

Réponse du docteur Nathalie Ferrant-Otormin : “De mon expérience sur le care, qui date de plusieurs mois, je n’ai jamais eu cette sensation. Et je pense que c’est à moi, professionnel, de mettre des limites si jamais c’était le cas, soit en rassurant les parents en disant que finalement, ils ont déjà tout bien fait et que peut-être de l’entendre, ça peut aussi taire des peurs ou des maladresses pédagogiques. Mais ce n’est pas constaté de consultations abusives. Si vous êtes inquiet, que l’inquiétude ne passe pas et que l’enfant vous semble en souffrance. L’inconvénient en psychiatrie, c’est que ce n’est pas des souffrances qui se voient, ce n’est pas un bobo, ce n’est pas une fracture. Et du coup, on est obligé de se baser beaucoup plus sur notre émotionnel ou l’observation de changements de comportement. Il y a aussi le regard de l’école, peut-être de se rapprocher de l’école, de voir s’il n’y a pas un décrochage scolaire. Si tous les éléments de survie, le sommeil, l’alimentation, les liens sociaux sont abîmés, là, il faut se poser la question et si ça perdure, oui, consultez.”