Nouvelles drogues de synthèse : quels sont les risques pour ma santé ?
Par Inès Montenon · Rédactrice web - santé et psychologie · Mis à jour le 27 juillet 2022
Contenu validé par la Direction médicale de Qare.En quête de sensations fortes, les jeunes générations ont aujourd’hui accès à une large palette de psychotropes. Au-delà des drogues classiques, les nouvelles substances psychoactives (NSP) sont en pleine expansion. Et pour cause, ces drogues de synthèse promettent un paradis artificiel en toute légalité. Mais que sait-on vraiment des NSP ? Quelles sont les principales vendues sur le marché ? Et surtout, quels sont les risques pour le consommateur ? Chez Qare, on vous dévoile tout sur le sujet.
Les NSP, qu’est-ce que c’est ?
Dans les années 2 000, le paysage européen voit apparaître de nouvelles substances psychoactives. Appelées NSP, ces drogues de synthèse sont créées à partir de différentes molécules. Leurs effets se rapprochent de ceux des drogues classiques telles que la cocaïne, le cannabis, l’ecstasy ou encore la méthamphétamine.
A ce jour, les autorités peinent à imposer un cadre législatif autour des NSP. Leur fabrication est rapide et de nombreuses substances restent encore non identifiées. De plus, la modification d’une molécule permet d’échapper à la législation. Une NSP interdite est donc vite remplacée par une autre.
Malgré une accalmie entre 2015 et 2017, dues aux sanctions prises par l’Union Européenne sur les laboratoires clandestins producteurs, la production des NSP est en constante hausse.
En 2020, 370 nouvelles substances psychoactives ont été détectées sur le marché, selon l’EMCDDA, European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction.
Commercialisées sur le web et dans certains commerces, elles sont utilisées à des fins récréatives. Sous leurs appellations alléchantes, elles représentent un réel danger pour leurs consommateurs.
Les principales NSP vendues sur le marché
Actuellement les deux plus importantes catégories de NSP sont les cannabinoïdes et les cathinones. Le système d’alerte précoce de l’Union Européenne indique une surveillance de 224 substances pour les cannabinoïdes et 162 pour les cathinones.
Les cathinones de synthèse
En 2020, sur 3,3 tonnes de substances saisies, les poudres de cathinones représentaient 65%. Avec une majorité de 4-MMC, de 3-MMC et de 3-CMC.
Les substances de la famille des cathinones sont des stimulants du système nerveux central. Leur prise active une surproduction de dopamine, “l’hormone du plaisir”, et de sérotonine, “l’hormone du bonheur”.
Aussi appelée 3-methylmethcathinone, la 3-MMC est la nouvelle alternative à la cocaïne. Auparavant consommée lors de rapports sexuels d’hommes avec d’autres hommes (HSH), elle s’est rapidement propagée sur un public plus large. Son succès provient en partie de son faible coût, puisqu’elle est 8 fois moins chère que la cocaïne.
La 4-MMC, aussi appelée méphédrone, ainsi que la 3-CMC sont assez proches de la 3-MMC. Leurs effets reprennent ceux des amphétamines et de la cocaïne.
Elles se présentent pour la plupart sous forme de poudre, de gélules et plus rarement de comprimés.
Les effets recherchés par les consommateurs
L’exaltation et la désinhibition sont les sensations recherchées lors d’une prise de substance de la catégorie des cathinones. Leur effet stimulant se traduit par :
- Un sentiment d’euphorie intense
- Une sensation d’énergie
- Une envie irrépressible de parler
- Une sensation d’un lien fort avec les personnes présentes
- Une sensation de puissance
- Une confiance en soi exacerbée
- Une sensation de désir sexuel
Les risques liés à la prise de cathinones
Lorsque le produit n’agit plus, le plaisir éprouvé est vite remplacé par des effets secondaires ayant parfois de graves conséquences sur la santé mentale et physique. Le système nerveux met un moment avant de reproduire naturellement le taux de dopamine et de sérotonine adéquat. Les effets qui en résultent sont :
- De la paranoïa
- De l’anxiété
- Une neurasthénie
- Un syndrome dépressif
- Des troubles cardiaques
Ces effets créent chez les consommateurs un phénomène de craving, une envie irrépressible de consommer à nouveau la substance. Pour cela, les cathinones sont très addictives.
Les conséquences peuvent aller jusqu’à l’hospitalisation en urgence voire le décès de la personne. En 2020, 38 passages aux urgences pour toxicité médicamenteuse sévère étaient dus à la 3-MMC. L’usage et le trafic en sont bien sûr illégaux et peuvent aller jusqu’à des peines de prison.
Les cannabinoïdes de synthèse
Apparus dans les années 80, puis commercialisés sur le web dans les années 2 000, ces psychotropes font fureur auprès des jeunes générations. Spice, K2, herbal incense, potpourri, AK 47 ou encore Black Mamba, ces petits pochons colorés sont vendus comme alternative au cannabis et en imitent de façon synthétique les effets.Concernant la composition du produit, aucune mention n’en détaille la teneur.
Sous une apparence naturelle de feuilles séchées, ces psychotropes sont des drogues de synthèse souvent mal dosées; dont les effets psychoactifs sont généralement plus puissants, plus dangereux et plus addictifs que le THC. L’usage et le trafic en sont interdits.
Les effets recherchés par les consommateurs
Les personnes consommant des cannabinoïdes de synthèse recherchent un effet de bien-être psychologique et de rêverie. La prise de ce type de psychotrope provoque :
- Une sensation de détente
- Un état d’euphorie légère
- Une sensation de lâcher prise
- Une somnolence
Les risques liés à la prise de cannabinoïdes de synthèse
Les effets secondaires courants à la suite d’une prise de cannabinoïdes de synthèse sont :
- De l’anxiété
- Une agitation
- Une irritabilité
- Des nausées
- Des troubles cardiaques
Parfois, les effets secondaires sont plus graves :
- Un accident vasculaire cérébral
- Des convulsions
- Un infarctus
- Une destruction du tissu musculaire
- Une atteinte rénale
- Des idées délirantes
- Des vomissements sévères ou prolongés avec déshydratation
En 2020 plusieurs décès suite à la prise de cannabinoïdes de synthèse ont été identifiés en Allemagne, en Hongrie et en Turquie.
Nos conseils si vous consommez des NSP
Prendre conscience de votre addiction
L’addiction est un mécanisme insidieux. Lorsqu’on commence à consommer une substance psychoactive, on ne perçoit pas le danger. On a l’impression qu’on contrôle la situation, pourtant la dépendance s’installe en arrière-plan et c’est elle qui vous contrôle.
Afin d’éviter d’atteindre un degré d’addiction sévère, ainsi qu’une dépendance au produit, il est important de prendre conscience de sa consommation. D’autant plus que certaines personnes ont un terrain addictif plus développé.
Pour cela, vous pouvez effectuer un questionnaire du type ASSIST, Alcohol, smoking and substance involvement screening test. Conçu par l’OMS, il permet de dépister une addiction à n’importe quelle substance psychoactive. Vous pouvez le retrouver directement sur le web.
Le fait de connaître le résultat de votre test est un premier pas pour vous libérer de votre addiction. En effet, la prise de conscience engendre automatiquement une modification de votre comportement face à la substance psychoactive.
Faites-vous accompagner pour sortir de votre addiction
La consommation prolongée d’une drogue de synthèse provoque des troubles de l’humeur. Un cercle vicieux qui entraîne souvent un isolement. Il est important de ne pas rester seul dans cette situation.
Après votre auto-évaluation, selon les résultats indiqués ou si vous en ressentez le besoin, nous vous recommandons d’entamer un suivi avec un psychologue. Certains professionnels de santé sont spécialisés dans les comportements addictifs.
Si vous souhaitez parler de votre situation de façon anonyme, vous pouvez appeler dès maintenant Drogues Infos Service. Ce service est gratuit depuis un poste fixe au 0 800 23 13 13 et au prix d’une communication classique au 01 70 23 1313. Des professionnels de santé sont à votre écoute 7j / 7 de 8h à 2h du matin.