Le mythe du père Noël : comment les croyances façonnent l’imaginaire et les émotions des enfants ?

Par Dr Julie Salomon · Médecin Pédiatre · Mis à jour le 18 novembre 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Entre tradition et rituel, le Père Noël est un personnage important dans la vie d’un enfant dont il nourrit l’imaginaire : il représente à la fois la magie, le rêve, le mystère, il peut même parfois lui faire un peu peur…! La prise de conscience de la réalité de ce rituel représente un passage du monde magique de la petite enfance où l’imaginaire est roi, vers un monde plus rationnel. C’est d’ailleurs souvent entre 6 et 8 ans, âge dit « de raison » que ces mythes sont remis en questions et que la vérité peut se dévoiler.

A l’approche de cet âge, les enfants vont commencer par nous provoquer en disant qu’untel leur a dit que le père Noel n’existait pas, attendant de l’adulte, la réponse qui les rassurera. Ou bien, plus directement ils diront qu’ils « n’y croient plus » pour faire comme leurs ainés. Mais au fond d’eux, ils peuvent ne pas avoir encore franchi le cap, ne pas être prêts à l’accepter.

Tout un cortège de questions autour de Noël surviennent progressivement car l’enfant cherche à comprendre

On peut alors lui répondre : « Et toi, qu’en penses-tu ? Qu’est-ce que tu préfères croire ? ». En entendant sa réponse, on peut sentir s’il est prêt ou pas. On peut également le conforter en répondant que le plus important c’est ce que lui pense, et non ce que les autres en disent. Ou bien, de façon évasive, on peut tout simplement répondre que l’on ne sait pas, qu’il doit y avoir de la magie, comme on raconterait une belle histoire.

Une fois la vérité admise, les plus grands peuvent passer par une phase de déception, mais pourront rapidement rebondir et s’enorgueillir d’être passés du côté des « grands » qui entretiennent le mythe, ce qui leur permettra de faire un pas supplémentaire. Ils comprendront alors que les rêves ne sont pas toujours réalisables, que les surprises sont le fruit de l’effort d’une personne pour une autre, et que l’élan qui pousse quelqu’un à faire ce cadeau sans en avoir de retour direct (puisque celui qui offre est un être absent !), reflète une affection bien réelle.

Attention cependant à ce que la prise de conscience de la réalité des faits ne soit pas l’occasion d’une humiliation pour l’enfant, car il pourrait en être profondément blessé. Ne pas persévérer dans le mensonge si l’enfant à des doutes non seulement lui évitera de se sentir humilié, mais lui fournira la preuve que l’on lui reconnait une certaine maturité, qui l’a conduit à remettre en question le mythe.

Attention également à ce que les plus grands d’une fratrie, fraichement initiés, ne dévoilent pas le secret vis-à-vis des plus petits par fierté d’être passés de l’autre côté ! Enfin, si le grand enfant y croit toujours à l’âge où tous les autres n’y croient plus, il est peut-être temps de l’inviter dans le monde de ceux qui savent sur le ton de la confidence…

La découverte de la vérité pourra faire questionner notre capacité à leur mentir alors qu’on leur enseigne l’inverse

Il peut être utile de leur faire comprendre qu’il s’agit là d’une tradition que l’on perpétue, à la manière d’un conte, pour faire plaisir à ceux que l’on aime, leur rappeler qu’ils aimaient bien y croire en leur temps, et le distinguer d’un mensonge pour masquer une action dont on a honte ou que l’on craint répréhensible.

Enfin, n’oublions pas qu’en ce monde d’immédiateté, l’attente du père Noël stimule la patience et l’imaginaire, dans une perspective de fête, de temps partagé, et de joies. Cela vaut bien d’entretenir le mythe, non ?

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