Covid-19 et Noël en famille (élargie) : quelle décision prendre ?
Par Zoé F. · Rédactrice web santé · Mis à jour le 17 décembre 2020
Contenu validé par la Direction médicale de Qare.Noël est un vecteur de lien social et représente un moment important pour beaucoup de familles. En cette année particulière, ce moment de retrouvaille semble plus important que jamais, mais il représente également un risque sanitaire majeur. Peut-on fêter Noël en famille cette année ? Dr Fanny Jacq, psychiatre et directrice de la santé mentale chez Qare, et Dr. Jordan Gendre, médecin généraliste directeur médical adjoint chez Qare, nous livrent leurs conseils.
Faut-il fêter Noël en famille cette année ?
L’avis du psy
Dr Fanny Jacq – Tout dépend dans quelle situation et dans quel état d’esprit vous vous trouvez après ces 9 mois un peu hors du commun. Réfléchissez à vos priorités du moment, à ce qui vous ferait du bien à VOUS, en essayant de ne pas prendre (trop) en compte les besoins et les exigences des uns des autres (entre mamie qui veut vous voir, la cousine qui veut venir à 10 personnes, le tonton stressé par le covid…). Noël est déjà une période qui peut vite générer des tensions familiales habituellement, là, ça risque d’être encore plus compliqué. Donc mon conseil, pensez à vous ! Plusieurs situations sont possibles.
Si vous souffrez de la solitude , cela vous fera du bien de voir du monde, même s’il faut un peu se « réhabituer » au début à se socialiser de nouveau !
Si vous avez des angoisses par rapport à la maladie, ne restez pas seul car cela favorise l’anxiété. Organisez des fêtes en tout petit comité tout en respectant les règles sanitaires.
Si vous avez besoin d’être seul et de faire une pause, cela peut être pour diverses raisons (promiscuité liée au confinement, période intense au travail), vous pouvez aussi rester seul et l’assumer ! Expliquez à votre entourage que vous avez envie de vous retrouver au calme, ou alors proposez de ne passer qu’en début de soirée par exemple, ou éclipsez vous plus tôt. Vous pouvez aussi décider de passer cette soirée en amoureux plutôt qu’en famille.
En cette période qui met notre santé mentale à rude épreuve, il est essentiel d’être à l’écoute de ses besoins et d’être « un peu égoïste »
L’avis du médecin généraliste
Dr Jordan Gendre – Mon conseil, c’est avant tout, protégez vos aînés. Si vous les aimez, protégez-les. Cela ne veut pas nécessairement dire de ne pas fêter Noël ou la fin d’année avec eux, mais de le faire dans des conditions sanitaires raisonnables pour éviter les contaminations. Ce sont les plus vulnérables face au virus. Il faut donc prendre soin d’elles. Pendant les fêtes, il faut respecter les règles et mesures d’hygiène que nous connaissons tous :
- veillez à respecter les distances sociales à table ;
- limitez le nombre d’invités ;
- mettez du gel hydroalcoolique sur la table ;
- portez votre masque même lors du repas car l’on reste souvent de longues heures à table à discuter ;
- ne trinquez pas ;
- au lieu d’utiliser des bols où l’on pioche, préparez plutôt des bouchées individuelles ou des verrines.
Si vous ne pouvez pas respecter la distanciation sociale en raison du nombre d’invités, alors il peut être préférable de scinder le repas de famille en différents groupes.
Va-t-on vers une troisième vague après Noël ?
Dr Jordan Gendre – Pour prédire ce qu’il va se passer, on se réfère beaucoup aux épidémies précédentes. Il y a plusieurs schémas possibles. Pour le moment, ce que nous vivons se rapproche beaucoup du scénario de l’épidémie de grippe espagnole. Il est donc probable que l’on suive cette même direction avec une troisième vague, toutefois plus modérée que la première et la deuxième. Nous ne sommes pas sur un scénario catastrophe. De plus, cela dépendra beaucoup du respect des mesures de distanciation sociale et des gestes barrières, notamment durant les fêtes, et après la levée progressive des mesures de restrictions.
Que font nos voisins européens ?
Cela dépend beaucoup des pays, mais tous ont plus ou moins adopté certaines mesures de prévention ou donné des recommandations à leurs habitants pour éviter un regain de l’épidémie.
L’Allemagne a fixé à 10 le nombre de convives qu’il sera possible de réunir entre le 23 décembre et le 1er janvier, sans compter les moins de 14 ans. De plus, certaines villes ne connaîtront pas d’assouplissement. C’est le cas pour Berlin où le nombre maximum d’invités restera limité à cinq.
En Espagne, 10 personnes maximum pourront se réunir lors du 24, 25, 31 décembre et 1er janvier. Les déplacements seront autorisés pour rejoindre ses proches et les couvre-feu seront assouplis en fonction des régions.
En Italie, pays d’Europe le plus touché par la Covid-19, les règles ne seront pas beaucoup assouplies pour les fêtes. Les déplacements entre régions seront interdits entre le 21 décembre et le 6 janvier. Le 25, 26 décembre et 1er janvier, il sera interdit de quitter sa ville de résidence. Les messes seront avancées afin de respecter le couvre-feu. Le gouvernement italien recommande également de ne pas se réunir à plus de six pour les fêtes.
Le Royaume-Uni autorise les réunions et les déplacements entre régions du 23 au 27 décembre. Le gouvernement conseille de ne pas réunir plus de trois foyers différents.
La Belgique, qui a adopté la stratégie de la « bulle sociale », autorisera les personnes seules à inviter deux personnes de leur bulle sociale en même temps, et les familles à n’inviter qu’un seul de leur contact rapproché. Le couvre-feu démarrera à minuit au lieu de 22 heures habituellement.
Sources :