Peut-on mener une carrière publique ou politique tout en souffrant de troubles psychologiques ? La preuve en trois portraits.

Par Inès Montenon · Rédactrice web - santé et psychologie · Mis à jour le 31 janvier 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

Alors que les élections à la présidence de la république française approchent, voici trois portraits de femmes et d’hommes publiques célèbres qui démontrent qu’il est possible de réussir sa vie professionnelle tout en souffrant d’un problème de santé mentale ! A condition, bien-sûr, que ce dernier soit correctement pris en charge.

WINSTON CHURCHILL

Homme politique anglais né en 1874, il décède en 1965 à l’âge de 91 ans. Il est notamment connu pour avoir été le premier ministre du Royaume-Uni durant la seconde guerre mondiale et pour avoir joué un rôle majeur dans la victoire des alliés. Il est également un écrivain reconnu.

Tout au long de sa vie, Winston Churchill a souffert de dépressions récurrentes. Il appelait ce compagnon des mauvais jours son “black dog” (chien noir). Les antidépresseurs et les thymorégulateurs n’ayant pas encore fait leur apparition à cette époque, la prise en charge restait difficile. La thérapie qu’il s’appliquait à lui-même passait notamment par l’écriture et par la peinture.

La Princesse DIANA SPENCER

L’aristocrate anglaise (1961-1997), épouse de l’héritier au trône britannique Charles, Prince de Galles, était une figure mondiale de la cause humanitaire. Elle a créé et s’est engagée dans de nombreuses associations de lutte contre le Sida, le cancer, ou encore la défense des droits des enfants. C’est l’une des femmes les plus célèbres au monde à la fin du 20ème siècle.

Lady Di a souffert d’un épisode de dépression du post partum en 1982 ainsi que de troubles du comportement alimentaire, alternant boulimie et anorexie. En 1995, elle lève le tabou sur ses troubles et accepte d’en parler à la BBC lors d’une longue interview (#jassumelapsy), permettant ainsi à d’autres personnes en souffrance de prendre la parole sur ce sujet. En 2017, son fils William confiera lors d’une interview avoir été fier de la prise de parole de sa mère sur le sujet. “Ce sont des maladies. La santé mentale doit être autant prise au sérieux que la santé physique”, a-t-il déclaré.

LE CAS DES HOMMES POLITIQUES FRANÇAIS

Au cours de la Vème République, plusieurs hommes politiques ont contribué à lever le tabou sur les troubles psychologiques en parlant de leur propre souffrance. A titre d’exemple, Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac ont souffert, à un moment donné de leur carrière politique, d’un épisode dépressif et/ou d’un burn-out. En 2014, Jean-Luc Mélenchon annonce publiquement vouloir se retirer temporairement de la vie politique à la suite d’un burn-out.

D’une façon plus générale, il est supposé que la dépression puisse favoriser l’empathie, à l’image de personnalités comme Luther King, Gandhi, Lincoln ou Churchill. Tandis que l’hypomanie (trouble de l’humeur caractérisé par des périodes d’irritabilité, d’hyperactivité et des sautes d’humeur) dont auraient souffert Roosevelt ou encore JF Kennedy, pourrait favoriser la résilience. Empathie et résilience : deux qualités certainement utiles dans une carrière publique ou politique !

Parler publiquement de santé mentale aide à déconstruire les idées reçues

Pour une majorité de Français, parler de sa santé mentale ou dire que l’on consulte un professionnel est encore très difficile en raison du tabou qui entoure le sujet. Ils n’osent même pas en parler à leur entourage. En effet, 50% des citoyens ont peur d’être jugés négativement et 36% ne voient pas l’intérêt d’en parler, selon une étude Qare by Yougov conduite en janvier 2021. C’est pourquoi Qare a lancé la campagne #jassumelapsy en 2021 dans le but de déstigmatiser la santé mentale et libérer la parole (plus d’informations sur le compte Instagram @qare.fr)

Autre idée reçue : « prendre soin de sa santé mentale, c’est pour les faibles ». Pourtant, 1 français sur 4 souffrira de troubles psychologiques au moins une fois dans le cours de sa vie, soit 12 millions de personnes ! Partant de ce constat, il devrait être plus naturel de prendre soin de son mental comme on le fait pour des questions de santé physique. D’autant que la prise en charge est similaire et repose sur le même principe : reconnaître les symptômes, émettre un diagnostic, et apporter une solution par un traitement ou une thérapie.

En santé mentale comme en santé physique, des retards de diagnostic risquent d’entraîner une aggravation des symptômes ou l’apparition d’une forme chronique de la maladie. Pour l’éviter, il est donc primordial de ne pas rester seul avec son mal-être et de faire appel à un professionnel de santé si nécessaire.