Les aliments « spécifiques » pour bébés et pour les enfants de 4 mois à 3 ans
Par Dr Julie Salomon · Médecin Pédiatre · Mis à jour le 18 novembre 2020
Contenu validé par la Direction médicale de Qare.Sans prendre en considération le lait spécifique pour bébé (préparations pour nourrissons, lait de suite), les aliments « pour bébés » se distinguent des aliments simples (non transformés) et des aliments industriels conçus sans cible d’âge spécifique, par différents aspects. Qu’est ce qui peut justifier leur consommation ?
La composition et la sécurité sanitaire des aliments pour bébés sont strictement réglementées
Les ingrédients entrant dans leur composition doivent avoir été démontrés scientifiquement comme convenant à l’alimentation des nourrissons et des enfants en bas âge. Alors que les aliments industriels non spécifiques sont souvent trop riches en glucides, protéines, sodium, acides gras saturés et trop pauvres en fer et en vitamines, la réglementation de la composition des aliments pour bébé fixe des limites inférieures de teneur pour les protéines, et des limites supérieures pour les glucides, les lipides, le sodium, le calcium, le fer, le zinc et des vitamines. Bien qu’il n’y ait pas de limites pour la teneur en acides gras essentiels, la plupart des produits « salés » pour bébés contiennent des ajouts d’huiles végétales riches en ces acides gras essentiels.
A part les aliments pour bébés dans la composition desquels entre le lait infantile (qui est toujours enrichi en fer), il n’y a pas d’adjonction de fer pour des questions de technologie industrielle et de goût.
Bien que les enfants de moins de 3 ans sont à risque d’insuffisance d’apport en vitamine D, l’enrichissement des aliments pour bébé en vitamine D est interdite, ainsi seul les aliments contenant du lait infantile et/ou des céréales infantiles peuvent se prévaloir de cette supplémentation.
Un intérêt majeur des aliments pour bébés est qu’ils sont très strictement réglementés en ce qui concerne la prévention des risques toxicologiques
La teneur en pesticides et résidus de pesticides autorisée est très significativement inférieure à celle autorisée pour la composition des aliments non spécifiques (simples et industriels), y compris de l’alimentation « bio ». Les matières premières entrant dans la composition des aliments pour bébé doivent être rigoureusement sélectionnées et sans aucune utilisation de pesticides. L’emploi de conservateurs, d’arômes non naturels, de colorants, d’édulcorantes, d’hormones est interdit. La présence d‘OGM n’est pas interdite, mais les sociétés industrielles se sont engagées à ne pas en utiliser. Les matériaux au contact des aliments doivent être sans risque pour la santé. Enfin, les aliments pour bébés sont très strictement réglementés pour ce qui concerne les critères microbiologiques.
La diversification est recommandée à partir de 4 mois
L’alimentation actuelle des enfants couvre les apports nutritionnels conseillés en protéines et en énergie, mais souvent moins bien en lipides. En France, lorsque les enfants de moins de 3 ans ne consomment pas de lait de croissance leur consommation journalière d’acides gras essentiels, de fer, de zinc, de vitamines C, D et E sont souvent inférieurs aux apports nutritionnels conseillés. Cependant, seules les carences en fer et vitamine D peuvent avoir des effets délétères prouvés.
Pour compenser, les aliments riches en fer sont les produits carnés (boudin noir, foie et rognons, peu fréquents dans l’alimentation des petits), les coquillages et poissons, le cacao, le germe de blé, les œufs, les lentilles et les céréales enrichies en fer. Le fer d’origine animale est bien plus assimilable que le fer issu des produits végétaux et des produits laitiers. L’assimilation du fer est de plus favorisée par la consommation simultanée de végétaux riches en vitamine C comme les agrumes ou le kiwi, et à l’inverse diminuée par la consommation de thé (liée aux tanins), ou de son de blé. Enfin, certains médicaments comme les antiacides pourraient, en diminuant l’activité de la pepsine qui libère le fer absorbable, diminuer l’absorption du fer.
Ainsi, il est recommandé chez les enfants de plus d’un an une consommation d’au moins 250ml /j de lait de croissance pour éviter une carence en acides gras essentiels, fer et vitamine D, pour un apport total recommandé de produits laitiers quotidiens au moins égal à 500ml de lait ou équivalent.
Au total
L’intérêt de la consommation d’aliments pour bébés serait, en retardant la consommation d’aliments non spécifiques, de réduire les risques toxicologiques, et de contribuer à atteindre un certain équilibre alimentaire.
Sources :
- « Les aliments industriels hors laits et céréales, destinés aux nourrissons et enfants en bas âge : un progrès diététique ? ». Arch de pédiatrie, 2013
- campus.cerimes.fr/nutrition/enseignement/nutrition_9/site/html/3.html