5 inégalités en santé qui subsistent entre femmes et hommes

Dans un monde en quête d’égalité, la santé demeure un domaine où les inégalités entre femmes et hommes persistent. Malgré les progrès significatifs accomplis dans la recherche et le traitement médical, il reste encore des coins d’ombre où les femmes se trouvent en retrait. Ces disparités soulignent la nécessité d’une approche plus inclusive en matière de santé. A l’occasion de la journée du droit des femmes, le 8 mars prochain, nous avons souhaité mettre en lumière cinq domaines clés où les disparités de genre continuent de poser des défis. Par cette démarche, nous aspirons à catalyser un élan de changement significatif.

La sous-représentation des femmes dans la recherche médicale : un héritage à surmonter 

Historiquement, la recherche médicale a souvent exclu les femmes des essais cliniques, partant du principe que les résultats obtenus chez les hommes seraient transposables. Cette pratique a conduit à une méconnaissance des spécificités féminines dans la réponse aux traitements et dans l’évolution de maladies.  

L’histoire du zolpidem illustre parfaitement les conséquences de cette approche médicale non adaptée aux différences biologiques entre les sexes. 

Lancé dans les années 1990, l’Ambian (ou Zolpidem) a rapidement été adopté pour son efficacité. Cependant, au fil du temps, une ombre a commencé à planer sur son succès : les femmes semblaient expérimenter des effets secondaires plus marqués que les hommes. Des décennies de témoignages ont finalement conduit la FDA à agir en 2013, réduisant la posologie recommandée pour les femmes.  

Cette décision, fondée sur la découverte que le métabolisme peut varier, a marqué un premier tournant vers une prise de conscience de la nécessité d’adapter les recherches médicales aux différences biologiques entre les sexes.  

L’évolution vers une médecine plus personnalisée et attentive aux spécificités de chacun est bien en marche, mais il reste encore du chemin à parcourir.  

 Le saviez-vous ? La découverte de l’anatomie précise du clitoris date seulement de 1998. En outre, pour avoir les premières images du sexe féminin en IRM nous avons dû attendre 2005.  

Les défis spécifiques à la santé féminine : entre silence et stigmatisation 

Dans le domaine de la santé, les femmes font face à une série de défis spécifiques, marqués par une inégalité troublante par rapport aux hommes. 

Un exemple frappant est celui de la ménopause, une étape naturelle de la vie d’une femme, qui n’a été sérieusement abordée et étudiée par la communauté médicale qu’à partir des années 1950 et 1960. Avant cela, les symptômes pouvaient être balayés d’un revers de la main ou pire, traités comme des problèmes psychologiques.  

Autre exemple : l’endométriose. Malgré le fait qu’elle affecte 1 femme sur 10, cette pathologie a longtemps été enveloppée dans un voile de méconnaissance et de stigmatisation, souvent réduite à de simples “douleurs menstruelles”.  

L’évolution de la reconnaissance médicale de l’endométriose illustre un parcours à la fois long et laborieux. Depuis sa première description formelle dans les années 20, jusqu’à une reconnaissance plus affirmée dans les années 80, le chemin a été semé d’embûches.  

A ce jour, l’endométriose n’est pas parfaitement comprise, et les femmes continuent de faire face à des retards de diagnostic et à des traitements insuffisants.  

Cette lenteur dans la reconnaissance et l’adaptation des soins médicaux pour une maladie aussi répandue met en évidence les lacunes persistantes dans la prise en charge de la santé des femmes, soulignant la nécessité d’une action plus rapide et plus efficace. 

Bonne nouvelle à ce sujet, la ministre de la Santé a récemment déclaré que le gouvernement travaille à garantir une couverture totale par la sécurité sociale d’un test salivaire de dépistage de cette maladie, à partir de janvier 2025. Cette initiative marque une avancée significative dans la reconnaissance et le traitement de l’endométriose.

L’étiquette de maladie exclusivement féminine : démanteler les mythes 

L’ostéoporose, souvent cataloguée à tort comme une maladie exclusivement féminine, est un exemple frappant des stéréotypes de genre persistants dans le domaine de la santé.  

Si cette affection, caractérisée par une diminution de la densité osseuse et un risque accru de fractures, touche effectivement une majorité de femmes, notamment après la ménopause, elle n’épargne pas pour autant les hommes. Selon les estimations, environ un homme sur cinq développera une forme d’ostéoporose au cours de sa vie.  

Cette perception genrée de la maladie conduit souvent à un diagnostic tardif et à un manque de traitement adéquat chez les hommes, exacerbant ainsi les risques associés à cette pathologie pourtant évitable et gérable.  

Cette réalité met en évidence la nécessité urgente de dépasser les clichés et d’adopter une approche plus inclusive dans la reconnaissance et la prise en charge des problèmes de santé. 

La contraception et l’inégalité des charges : vers une responsabilité partagée 

La responsabilité de la contraception repose encore majoritairement sur les femmes, malgré l’existence de méthodes destinées aux hommes. Cette inégalité reflète des normes sociétales profondément enracinées sur les rôles de genre dans la gestion de la fertilité.  

Les options contraceptives pour les femmes sont nombreuses, mais elles s’accompagnent souvent d’effets secondaires non négligeables. Par contraste, les recherches sur les contraceptifs masculins avancent lentement, limitant les choix disponibles et renforçant ainsi le poids de cette responsabilité chez les femmes.

L’égalité en matière de contraception nécessiterait une volonté sociétale de redistribuer équitablement cette charge entre les sexes. 

La santé mentale : le miroir des inégalités de genre 

Dans le vaste et complexe univers de la santé mentale, une toile d’inégalités entre hommes et femmes se dessine avec netteté, révélant des disparités qui vont bien au-delà des simples différences biologiques. Elles plongent leurs racines dans le terreau des normes socioculturelles et des attentes de genre 

Les femmes, par exemple, affrontent une prévalence plus élevée de dépression et d’anxiété, tandis que les hommes sont davantage confrontés à des troubles liés à l’abus de substances et à un taux de suicide plus élevé. Des tendances exacerbées par la stigmatisation et les obstacles à la recherche d’aide, particulièrement marqués chez ces derniers en raison des idéaux de masculinité prônant l’autosuffisance.  

Par ailleurs, les violences sexuelles et domestiques, dont les femmes sont disproportionnellement victimes, constituent des facteurs de risque significatifs pour le développement de troubles mentaux tels que le TSPT (Le Trouble de Stress Post-Traumatique).  

Les défis spécifiques à la maternité, notamment la dépression post-partum, soulignent encore ces inégalités, tout comme les impacts des disparités socioéconomiques qui frappent plus durement les femmes.  

Face à cette réalité, l’appel à une approche plus nuancée et sensible au genre en matière de santé mentale se fait pressant, soulignant la nécessité de stratégies adaptées pour encourager la recherche d’aide et offrir des soins répondant aux besoins de chacun. 

En conclusion, bien que des progrès aient été réalisés dans la reconnaissance et la prise en charge des inégalités de santé entre femmes et hommes, il reste encore beaucoup à faire. Une approche médicale plus inclusive, tenant compte des différences de sexe et de genre, est cruciale pour avancer vers une société plus équitable.  

La santé, en tant que droit fondamental, devrait être accessible et adaptée à tous, indépendamment du genre. 

  • La sexualité féminine dans tous ses ébats, éditions Fayard, 2021