3 erreurs alimentaires qui pèsent sur le moral

Par Inès Montenon · Rédactrice web - santé et psychologie · Mis à jour le 31 janvier 2024

Contenu validé par la Direction médicale de Qare.

On sait aujourd’hui que nos modes de vie et nos comportements – tout particulièrement l’alimentation, l’activité physique et le sommeil – sont susceptibles de jouer un rôle sur notre santé mentale. Le lien entre nutrition et santé mentale fait même l’objet d’une discipline à part entière, la psychonutrition, plusieurs psychiatres (1) ayant publié des ouvrages sur le sujet.

Surconsommer des aliments transformés

Les régimes riches en sucres et en aliments hyper transformés sont connus pour favoriser l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, le diabète et les cancers. Mais ce que l’on sait moins, c’est qu’ils peuvent également produire des conséquences sur le cerveau, et augmenter les symptômes dépressifs.

A contrario, le régime méditerranéen qui privilégie les fruits et légumes de saison, les légumineuses, l’huile d’olive, et qui limite la consommation de viande, aurait un effet protecteur contre l’anxiété et la dépression. Une analyse d’études menée par une équipe française a ainsi montré une diminution de 33% du risque de dépression chez des personnes ayant adopté ce mode d’alimentation.

Par ailleurs, les acides gras essentiels de type oméga 3 (DHEA et EPA) sont essentiels au bon fonctionnement des neurones et à la synthèse de neurotransmetteurs, en plus de leurs propriétés anti-inflammatoires. Or, notre consommation moyenne est très en-deçà de ce qui est recommandé. C’est pourquoi il est vivement recommandé de consommer davantage d’aliments riches en oméga 3 (poissons gras, noix, graines de chia, huiles de colza/olive/lin pressées à froid, etc.) ou de prendre des compléments alimentaires (DHEA et EPA).

Sous-estimer le rôle du microbiote

Avec ses 100 à 200 millions de neurones, notre intestin est étroitement connecté à notre cerveau. De plus, il contient des milliards de bactéries et autres levures qui forment un écosystème bactérien – le microbiote intestinal – et qui, lui aussi, interagit avec notre cerveau. Et lorsque cet écosystème fragile est insuffisamment constitué ou dégradé, il agirait comme un déclencheur de troubles psychiques chez des personnes génétiquement prédisposées.

Le lien entre microbiote et troubles du spectre autistique fait l’objet de plusieurs études scientifiques. Le microbiote intestinal pourrait également jouer un rôle dans le déclenchement ou l’aggravation des troubles anxio-dépressifs comme invite à le penser une expérience menée par des chercheurs canadiens il y a une dizaine d’années. En transférant le microbiote intestinal de souris présentant des symptômes de dépression dans l’intestin de souris normales, ils étaient parvenus à rendre ces dernières déprimées ! Enfin, il semble que la réponse au stress soit elle aussi modulée par le microbiote, toujours d’après des études menées sur les rongeurs. Même s’il est trop tôt pour conclure que les bactéries intestinales jouent un rôle identique chez les humains, ces observations posent question.

De façon générale, l’alimentation et l’exposition à la pollution impactent la flore intestinale. Il est donc théoriquement possible d’agir pour favoriser le développement d’un bon microbiote grâce à une alimentation riche en fibres d’origine végétale et en aliments fermentés tels que yaourt, choucroute, kimchi, kombucha.

Ne pas contrôler sa consommation d’alcool et de tabac

Troubles psychiques et consommation de substances psychoactives sont étroitement liés. Cela s’explique par le fait que de nombreuses personnes consomment de l’alcool ou des drogues pour soulager leurs émotions négatives. Or il s’agit d’un cercle vicieux, la consommation excessive de substances pouvant contribuer à développer ou exacerber le trouble psychique.

Pour s’en tenir aux substances licites, l’alcool est souvent consommé pour diminuer l’anxiété, se détendre et réduire ses inhibitions. Si cela peut fonctionner à court terme, sur le long terme et consommé fréquemment, l’alcool s’avère plutôt anxiogène et dépressogène. Quant au tabac, les fumeurs courent deux fois plus de risques d’être atteints de troubles anxieux que les personnes qui n’ont jamais fumé (2), le trouble anxieux augmentant le risque d’expérimenter et de « s’accrocher » au tabac. Ce dernier étant un stimulant, il va encore aggraver le terrain anxieux.

1 Le Régime antidéprime – Florian Ferreri, Franck Grison – Editions Odile Jacob
Bien manger pour ne plus déprimer – Guillaume Fond – Editions Odile Jacob

2 https://www.cairn.info/addictions-et-comorbidites–9782100713011-page-193.htm
https://info-tabac.ca/les-torts-du-tabac-en-psychiatrie/

Autres sources
https://www.science-et-vie.com/article-magazine/intestin-il-est-peut-etre-la-cle-de-notre-sante-mentale